Né en 1964 à Toulouse.
Vit et travaille à Nice.

La stratégie de Pascal Pinaud est claire. Elle vise à maintenir le tableau comme mémoire, forme, support et structure de la peinture, un archétype et un prétexte, une scène commode, indémodable et surcodée. Sa tactique n'est pas moins limpide. Ouvrir plusieurs fronts et mener les batailles ou les parties en simultané. Tous les angles d'attaque différent et tous se valent. L'avantage décisif ne peut tenir qu'à cette dispersion désinvolte, cette démultiplication dépensière des scénarios, tous également mis au point, minutieusement suivis, méticuleusement réalisés, la qualité de la mise en œuvre de chacun contrastant d'autant plus avec l'équivalence vaine de tous. La peinture s'est longtemps rêvée comme une question de maîtrise, de savoir-faire d'exception : le compte-rendu parfait redonne ici le caractère fini de ce rêve comme de la peinture elle-même. À l'inachevé, au bâclé, au défait où le siècle vingtième a souvent trouvé sa marque, Pascal Pinaud préfère l'insistance gratuite d'un goût du laborieux et du réussi, vertige artisanal pervers dont l'humour insidieux consiste à réétablir la séduction dans la fascination vide du métier perdu. Ses glacis profonds, ses marqueteries sophistiquées, ses broderies chatoyantes, ses impeccables laques de carrosserie, comme les gouttes ou les macarons de couleur précieuse ou kitsch qui constellent d'autres de ses tableaux ne relèvent donc d'aucune nostalgie frelatée. Ce sont autant de détrompe-l'œil qui ne réintègrent au tableau les beautés exilées du bien fait ou les signes héroïques de l'histoire de la peinture radicale que pour en ravager les prétentions et les significations.

Éric de Chassey