Tatiana WOLSKA: Liaison

Overview

Je ne sais vraiment pas parler de mon travail, néanmoins je vais essayer de le faire en quelques mots. Tout d’abord, sans que je sois une écologiste assidue, je n’aime pas encombrer notre planète plus qu’elle ne l’est déjà. J’utilise donc essentiellement des matériaux de récupération. Je sais que c’est un discours beaucoup utilisé actuellement, mais au fil du temps je me suis rendue compte que chez moi c’est plus une habitude venue tout droit de l’environnement post communiste dans lequel j’évoluais. Le système D, que nous utilisions n’était pas tant un phénomène de mode, mais plutôt un recyclage nécessaire au fonctionnement de chacun. 

Ensuite il y a mon manque d’imagination inné et ma volonté de construire, ou simplement faire quelque chose de mes propres mains… Je m’entoure alors de toute sorte des matériaux (venues de poubelles, rues, déchèteries, etc.), je les regarde, décortique et assemble à nouveau. Je m’attaque souvent à de nouvelles manières de construire, chaque fois c’est une sorte de parie. D’une autre manière, je dirais que je range, j’ordonne, des matériaux qui associés, font la sculpture. Quant aux formes organiques récurrentes, elles sont une tentative d’évasion de la forme minimale si présente encore dans nos maison et musées. Et puis il y a tant d’autres choses, et tout ce qui m'échappe, tout ce qui appartient à l’autre dans sa rencontre avec la pièce.

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Press release

En parallèle de son exposition présentée à la galerie municipale de la Marine (Nice – du 23 février au 10 juin 2018),Tatiana Wolska exposera à la galerie Catherine Issert une sélection d’œuvres inédites autour de la notion de liaison.
Liaison entre le corps et l’œuvre, entre les matériaux ou bien encore avec l’espace d’exposition : autant de possibilités lui permettant d’explorer des problématiques sculpturales et graphiques.

Dans sa pratique le geste, simple et répétitif, raisonne avec les matériaux qu’il rencontre dans une grande économie de moyens.Tatiana Wolska recycle principalement des rebus : bouteilles de plastique vides, chutes de bois et de mousse, mobilier abandonné.... Née en 1977 en Pologne, elle explique ce choix par des habitudes prises durant son enfance, époque à laquelle le « système D » et la récupération étaient les mots d’ordre. Mais lorsqu’elle travaille avec des objets usinés, elle en élimine toutefois toute fonctionnalité pour les métamorphoser en œuvres à l’aspect organique et mutant.

Dans l’exposition Liaison, des colonnes de bois et d’assiettes lient le sol au plafond ; des sacs plastiques recouver ts de scotch s’agglomèrent en une boule informe ; des palettes sont déconstruites pour mieux se reconstruire ; une raquette de tennis perd toute utilité par sa greffe sur un chevet ; des chutes de bois s’assemblent au moyen d’élastiques et de serre-joints...

Les œuvres se construisent ici à l’échelle d’un corps en mouvement : un sac à dos se transforme en « porte- œuvre », des prises d’escalade en argile sont réalisées selon l’empreinte de la main de l’artiste, fantasmant une possible échappée de l’espace d’exposition.

Tatiana Wolska passe un temps long et patient à construire ses œuvres : elle « élabore son travail dans ce temps imperceptible de l’instant qui s’ajoute à la seconde qui suit, et ainsi de suite. Chaque geste se rajoute au précédent, identique et pourtant différent car la répétition des gestes se joue au-delà la compulsion monomaniaque1». Ce temps autarcique produit des œuvres habitées, qui rendent sensibles des processus souterrains et intimes. Ses dessins révèlent particulièrement la méticulosité de ses gestes : ils parasitent le papier ou le mur comme des rhizomes, tortueux et contractés.

Les œuvres de Tatiana Wolska nous renvoient autant au baroque par certains de leurs aspects (la volute et la torse sont chez elle des figures récurrentes) qu’à l’arte povera, et notamment Penone, par l’utilisation d’un « état primitif de la matière » grâce auquel « la tradition solide et verticale de la sculpture fait place à une "sculpture fluide" 2». L’histoire de l’art est ici, au même titre que la littérature ou la musique, une part de la toile de fond sur laquelle s’inscrit sa pratique. Car Tatiana Wolska est un artiste du faire, du sensible : chez elle, le concept naît de la forme et non l’inverse ; l’agencement des matériaux donnent naissance à la pièce qui fera, peut-être, œuvre.

Communiqué de Ratio Natura Poesis, exposition de Tatiana Wolska et Alexandra Guillot, commissariat Anne Sechet, juillet - octobre 2011.
Dossier pédagogique, rétrospective Giuseppe Penone, Centre Pompidou, Paris, du 21 avril au 23 août 2004.

 

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In parallel to her exhibition at the Galerie Municipale de la Marine (Nice – February 23rd to June 10th, 2018), TatianaWolska will exhibit a selection of hitherto unseen works based on the concept of liaisons,or relationships, at the Galerie Catherine Issert.
Relationships between the body and the work, between materials, or with the exhibition space: all possibilities enabling her to explore sculptural and graphic concepts.

In her practical approach, the gesture, simple and repetitive, reasons with the materials that it comes across, within a very economical supply of resources.Tatiana Wolska mainly recycles waste material: empty plastic bottles, scraps of wood and foam, abandoned furniture.... Born in Poland in 1977, she explains this choice by habits picked up in her childhood, at a time in which "System D" and recuperation were obligatory watchwords.Though when she works with manufactured objects, she nevertheless eliminates all traces of functionality to transform them into works with an organic, mutant aspect.

In the exhibition entitled Liaison, columns of wood and plates link the floor to the ceiling; plastic bags covered in sticky tape form a shapeless ball; pallets are deconstructed all the better to reconstruct themselves; a tennis racquet loses all its usefulness by being grafted onto a night table; pieces of wood are assembled with elastic bands and clamps...

Works are built here to reflect a body in movement: a backpack is transformed into a "work bearer", climbing grips made of clay show the imprint of the artist's hand, suggesting a possible escape from the exhibition.

Tatiana Wolska takes a long time and devotes lots of patience to constructing her works: she "elaborates her work in that imperceptible moment of an instant which is added to the following second, and so on and so forth. Each gesture is added to the previous one, identical yet different, as the repetition of gestures is performed beyond obsessive compulsion ". This self-sustaining moment of time produces works that are lived in, which make us aware of intimate, subterranean processes. Her drawings in particular reveal the meticulous nature of her gestures: they become parasites on paper or walls like rhizomes, tortuous and contracted.

Works byTatianaWolska also take us back to the baroque in certain aspects (the scroll and torso are recurrent figures in her work), but also to Arte Povera, and especially Penone, through the use of the "primitive state of the material", thanks to which "the solid and vertical tradition of sculpture makes way for "flowing sculpture" ".The history of art is to be found here, as well as literature or music, part of the backcloth on which her own art is inscribed.ForTatianaWolska is an artist engaged in the process of fabrication,in sensibility:with her,the concept, or content, derives from form and not vice versa; the arrangement of the materials gives birth to the piece which will, perhaps, give rise to the work.

Communiqué for Ratio Natura Poesis, an exhibition of work by Tatiana Wolska and Alexandra Guillot, curator Anne Sechet, July - October, 2011.
Pedagogical file, Giuseppe Penone Retrospective, Pompidou Centre, Paris, April 21st to August 23rd, 2004.